Ghost Dance - Ecole Supérieure d'Arts

L’exposition Ghost Dance rassemble dans la Galerie de l’ancien Chai du Château La Coste onze artistes diplomé·e·s en 2020 de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence. Les oeuvres de cette génération d’artistes se font l’écho d’un monde d’où la physicalité et la corporéité semblent s’être brusquement évaporées conséquemment à la crise sanitaire mondiale.

 

Exposition du 27 février au 6 mars. 
Entrée libre 
sur réservation uniquement 

Dans le film Ghost Dance (1983) du réalisateur et artiste britannique Ken McMullen, l’actrice Pascale Ogier, icône mélancolique des années 1980, interroge le philosophe Jacques Derrida et lui demande s’il croit aux fantômes.

Celui-ci lui répond qu’un fantôme est la mémoire de quelque chose qui n’a jamais été présent : « dès lors qu’on me demande de jouer mon propre rôle dans un scénario filmique plus ou moins improvisé, j’ai l’impression de laisser un fantôme parler à ma place.[...] et c’est ça qui est peut-être le plus amusant. [...] Je crois que l'avenir est aux fantomes, et que la technologie moderne de l’image, de la cinématographie, de la télécommunication, décuple le pouvoir des fantômes. »

À travers leurs productions, ces artistes attestent que l'expérience sensible du monde s’éprouve désormais à travers de multiples strates de réels hétérogènes et de filtres déformant et altérant la sensation brute. Les oeuvres présentées ici se situent dans les interstices entre plusieurs réalités combinées, précisément là où les frontières entre le réel et le virtuel viennent s’émousser. Particulièrement attentifs et sensibles aux interrogations qui traversent la société, ces jeunes artistes partagent le constat de l’échec des sciences dans leur tentative d’expliquer le monde. Ainsi, se sont paradoxalement les moyens offerts par la fiction, le détournement, l’illusion ou encore différentes modalités de la trace mémorielle dont elles et ils se saisissent pour nous permettre de nous connecter entre nous et au monde que nous habitons.

Face aux catastrophes qui se succèdent et tendent à nous paralyser, ces artistes luttent pour s’extraire d’un horizon de mort en amplifiant et diffusant des pulsations de vie dont les faibles lueurs scintillent parmi les spectres. Au coeur des ténèbres, ils et elles nous invitent à danser, et cette danse n’est « rien d’autre qu’une danse du désir formant une communauté." (G. Didi-Huberman, Survivance des lucioles, 2010, Paris, Minuit, p. 46.)